Les incendies d’origine électrique comptent parmi les causes les plus fréquentes de sinistres domestiques en France. Une panne, un court-circuit ou un appareil défectueux peut déclencher un feu en quelques secondes et endommager une partie du logement. Dans ces situations, connaître les garanties prévues par votre contrat – surtout si vous avez souscrit une assurance habitation en ligne – devient indispensable. La prise en charge d’un incendie d’origine électrique peut couvrir bien plus que le remplacement de l’appareil responsable : réparations du logement, nettoyage après sinistre, mobilier endommagé, et parfois hébergement temporaire si la maison est inhabitable. Ces garanties existent dans la majorité des contrats multirisque habitation, mais leur niveau varie d’un assureur à l’autre.

Couverture des dommages électriques : ce que prévoit vraiment l’assurance habitation

La garantie « dommages électriques » intervient lorsque vos équipements électriques subissent une détérioration en lien avec un incident soudain, comme une surtension, un court-circuit ou une panne brutale.

Ce que la garantie prend en charge

Dans la majorité des contrats, cette garantie couvre les dommages causés à différents équipements : électroménager, matériel audiovisuel, informatique ou encore dispositifs motorisés du logement. Elle intervient généralement lorsqu’un appareil est touché par une variation anormale du courant ou par un événement extérieur, par exemple une surtension en lien avec un orage. Selon les assureurs, les courts-circuits internes peuvent également être pris en charge, mais cela dépend des conditions générales.

Les limites et exclusions fréquentes

Comme pour toute assurance, certaines situations ne sont pas couvertes. Un appareil vétuste, mal entretenu ou utilisé en dehors des recommandations du fabricant peut entraîner un refus d’indemnisation. Les installations électriques non conformes peuvent elles aussi poser problème. La garantie vise les événements accidentels ; l’usure et la dégradation naturelle des équipements ne sont jamais indemnisées.

L’importance de déterminer la cause du sinistre

L’origine de la panne conditionne la prise en charge. Une surtension provenant du réseau est souvent couverte. Une panne interne peut l’être aussi si elle est considérée comme accidentelle. En cas de doute, l’assureur mandate un expert pour examiner l’appareil, déterminer les causes de l’incident et vérifier qu’il ne résulte pas d’un manque d’entretien.

Franchise et options associées

La plupart des sinistres électriques s’accompagnent d’une franchise. Son montant varie selon le contrat, avec parfois une somme fixe, parfois un pourcentage. Certains contrats premium prévoient une franchise réduite ou supprimée pour les appareils récents. Il existe aussi des options de rachat de franchise permettant de limiter le reste à charge en cas de sinistre.

Vice caché, usure ou accident : ce que l’assurance retient

Pour être indemnisé, l’événement doit être qualifié d’accident électrique, c’est-à-dire soudain et imprévisible. Un vice caché relève plutôt de la garantie légale du vendeur ou du constructeur, alors que l’usure normale n’est jamais couverte. L’assurance intervient uniquement lorsque la panne ne résulte pas d’un défaut d’entretien. L’expertise permet d’établir la différence entre ces causes.

Procédure de déclaration d’un sinistre en lien avec un incendie d’électroménager

Vous devrez prévenir votre assureur sans attendre dès le constat d’un incendie d’origine électrique de l’un de vos appareils électroménagers. La loi indique un délai de cinq jours ouvrés pour cette déclaration, sauf clause contractuelle plus favorable. Passé ce délai, l’assureur peut refuser ou réduire l’indemnisation, à condition qu’il prouve un préjudice en lien avec un retard.

Constituer un dossier solide

Pour maximiser vos chances d’indemnisation, réunissez rapidement les éléments importants : photos de l’appareil endommagé, état des lieux ou facture d’achat, éventuellement intervention des pompiers. Si l’incendie a nécessité une intervention, un rapport des pompiers renforce votre dossier. Il est également utile d’attendre, avant toute réparation, que l’expert mandaté puisse constater les dégâts.

Le rôle de l’expertise et, si besoin, de la contre-expertise

L’expert envoyé par l’assureur évalue la cause de l’incendie, l’étendue des dommages et le respect des normes d’installation. Vous avez le droit d’être présent ou de mandater un expert indépendant pour une contre-expertise si vous contestez son rapport. Cette étape peut être déterminante pour votre indemnisation.

Garder les preuves et les éléments endommagés

Avant toute manipulation ou élimination, photographiez l’appareil et les alentours, conservez les pièces calcinées ou endommagées et évitez de les jeter. Ces éléments peuvent servir de preuve lors de l’expertise et éliminent le risque que l’assureur considère la situation comme mal documentée ou suspecte.

Évaluation des dommages matériels et modalités d’indemnisation

Entre vétusté, valeur à neuf et garanties optionnelles, les méthodes de calcul varient d’un contrat à l’autre et influencent le montant final remboursé.

Application de la vétusté par les assureurs

En France, il n’existe aucun barème légal unique ni de grille par marque. Chaque assureur applique sa propre méthode d’évaluation, généralement décrite dans les conditions générales. La vétusté correspond à la dépréciation naturelle de l’appareil au fil du temps et tient compte de son âge, de sa durée de vie théorique et de son état d’entretien.

Les assureurs se réfèrent le plus souvent à des durées de vie usuelles : environ dix à douze ans pour un réfrigérateur, huit à dix ans pour un lave-linge et entre sept et neuf ans pour un four ou un micro-ondes. La vétusté annuelle oscille en général entre 10 % et 20 %, puis augmente progressivement jusqu’à atteindre un taux maximal situé autour de 70 à 80 %. Cette estimation peut être modulée selon la qualité initiale de l’appareil ou la présence d’un entretien suivi.

Différence entre valeur à neuf et valeur résiduelle

L’indemnisation dépend principalement de la garantie incluse dans votre contrat. La valeur résiduelle, méthode standard, consiste à appliquer la vétusté pour déterminer la valeur marchande de l’appareil au jour du sinistre. Cette technique reflète son état réel et son ancienneté, mais peut réduire le montant indemnisé pour du matériel déjà ancien.

La valeur à neuf, souvent proposée en option ou incluse dans les contrats premium, permet un remboursement basé sur le coût d’un appareil équivalent neuf. Elle s’applique lorsque certaines conditions sont réunies, notamment l’âge limité de l’appareil ou la présentation d’une facture de remplacement. Cette méthode peut doubler, voire tripler le montant versé par rapport à la valeur résiduelle pour un appareil de plusieurs années.

Fonctionnement de l’extension de garantie « rééquipement à neuf »

L’extension « rééquipement à neuf » renforce la couverture pour les foyers disposant d’électroménager récent ou haut de gamme. Elle permet une indemnisation intégrale sans application de la vétusté, à condition que l’appareil ait moins d’un certain âge, le plus souvent cinq ans.

Pour bénéficier de cette option, l’assuré doit remplacer l’appareil sinistré par un modèle équivalent dans un délai qui varie selon les contrats, généralement autour de six mois. La présentation de la facture d’achat conditionne le versement de l’indemnité complète. Cette extension peut inclure la prise en charge de frais annexes tels que la livraison, l’installation ou la mise en service du nouvel équipement.

Responsabilité civile et recours contre le fabricant

Lorsqu’un appareil électroménager déclenche un incendie, la question de l’éventuel défaut de fabrication peut rapidement entrer en jeu. Si l’expertise révèle que le sinistre provient d’un défaut interne imputable au constructeur, votre assureur peut exercer un recours contre le fabricant ou son distributeur. Ce recours lui permet de récupérer tout ou partie des indemnités versées. Dans certains cas, cela peut même conduire au remboursement de la franchise supportée par l’assuré.

La possibilité d’un recours dépend surtout de la preuve du défaut : appareil très récent, panne anormale, rappel constructeur, ou expertise suffisamment claire. Les démarches se font entre assureurs et fabricants via leurs assurances responsabilité civile produit. Ces procédures peuvent être longues, mais elles n’affectent pas votre indemnisation : votre assureur vous rembourse d’abord, puis engage le recours en interne.

La responsabilité du fabricant peut également être engagée si l’incendie a touché d’autres logements, notamment dans un immeuble. Dans ce cas, c’est votre garantie responsabilité civile habitation qui indemnise les tiers, avant que votre assureur ne se retourne, si possible, contre le constructeur fautif. Ce procédé garantit une indemnisation rapide pour toutes les victimes, même si l’origine de la défaillance nécessite un examen technique plus poussé.

Mesures préventives et obligations de l’assuré

La prévention des incendies en lien avec l’électroménager s’appuie avant tout sur un entretien régulier des appareils : filtres propres, détartrage, ventilation dégagée, joints vérifiés. En cas de sinistre, un manque d’entretien peut conduire l’assureur à réduire ou refuser l’indemnisation.

La conformité de l’installation électrique, selon la norme NF C 15-100, est également important. Dans les logements anciens, un diagnostic électrique permet de repérer les anomalies susceptibles de provoquer une surchauffe ou un court-circuit. Certains assureurs demandent un certificat de conformité pour les installations très anciennes.

Les assureurs attendent aussi le respect des consignes du fabricant : pas de surcharge, pas d’appareil placé trop près d’une source de chaleur, ventilation suffisante, branchement adapté.

La présence d’un détecteur de fumée (DAAF), obligatoire en France depuis 2015, contribue à limiter l’ampleur des dégâts en permettant une détection précoce.

Enfin, il est recommandé de ne pas laisser fonctionner les appareils chauffants en votre absence (four, sèche-linge, lave-vaisselle). Cette prudence n’est pas une obligation contractuelle, mais elle peut jouer favorablement lors de l’analyse du sinistre.